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Dossier: les bonnes pratiques pour prendre la mer

Naviguer, c’est prendre des risques. Et pour rentrer à bon port, il est nécessaire de connaître les bonnes pratiques qui peuvent vous sauver la vie.

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Janvier 2020

Aujourd’hui, c’est Romain Godest qui écrit un article à notre demande pour nous parler de secours maritime et partager son expérience de marin. Il a travaillé pendant 7 années au Cross Corsen (centre de sauvetage en mer) et connaît donc bien ce domaine. 

Lorsque qu’on prend la mer, on rêve d’évasion, d’un bon bar qu’on fera revenir au beurre salé (il parfois qu’il en existe d’autres…) dans la poêle et de quitter le train-train quotidien. Mais parfois, tout ne se passe pas comme prévu. Et il est alors utile de connaître la conduite à tenir. 

Le matériel


De nombreux plaisanciers ne vérifient jamais leur équipement de sécurité. Parce que les naufrages n’arrivent qu’aux autres. Je le sais, j’ai trop souvent mis de côté dans ma jeunesse cet aspect essentiel…
Et puis il y a eu ce conteneur à la dérive à fleur d’eau, ce récif tout juste immergé par le flot, cette nourrice qui fuyait, ce moteur non révisé avant de reprendre la mer aux beaux jours (Dauphin Nautic s’en occupe très bien!). 

Je vais vous éviter la liste imposée par le gouvernement ainsi que les conseils de la SNSM. Une fiche très bien faite existe déjà. 

Ce que je peux vous donner, ce sont quelques conseils simples à mettre en pratique issus de mon expérience en poste au Cross Corsen (Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage).
C’est facile, il en a quatre à retenir:

  • Achetez une VHF: Si vous restez en proche côtier, une portative (1 à 6W) sera suffisant. Si vous pêchez plus au large, munissez-vous d’une fixe (le GPS est un plus, car il vous permettra de transmettre votre position rapidement). La portée pratique est de 20 Nq, mais cela va souvent au-delà. Et pensez à veiller le canal 16, canal de détresse, de sécurité et sauvetage. Il est veillé toute l’année 24/24h par les Cross et les sémaphores.
  • Chargez votre téléphone portable: lorsqu’on navigue en côtier, et c’est le cas pour la plupart des cas nécessitant l’intervention des secours, le téléphone portable est un vrai plus. Il permet aux Cross de vous localiser en activant votre GPS à distance grâce à un simple message sms que vous recevrez. Il facilite également la mise en relation avec un médecin maritime de Toulouse en cas d’accident médical. 
  • Ayez des fusées de détresse: ça sauve la vie! Si vous ne savez pas comment les utiliser, vous l’apprendrez rapidement avec ce tutoriel de la SNSM. 
  • Portez votre gilet de sauvetage! Pour faire simple, 100% des personnes portant un gilet de sauvetage en cas de détresse ont été sauvées (chiffres donnés lorsque j’étais en poste à Corsen en 2016). On ne peut pas être plus clair. Et de nos jours, la technologie a évolué. On est très loin des gros gilet en mousse qui nous offraient les mêmes mouvement qu’un Playmobil. De nos jours, ils sont légers et facile à déclencher. 

 

Contacter les secours, c’est la base. Une fois fait, tout est mis en oeuvre et je peux vous assurer qu’ils ne lésinent pas sur les moyens (hélicoptère de la Marine ou de la sécurité civile, patrouilleurs des affaires maritimes ou de la gendarmerie, BLS des pompiers, plaisanciers sur zone…). Et grâce aux sauveteurs bénévoles de la SNSM, ça ne traîne pas!

Les points de contact


Selon la zone dans laquelle on navigue, il existe différents points de contact. Par chance, la France a mis en place un numéro d’urgence maritime depuis quelques années: le 196.
En le composant, vous serez automatiquement mis en relation avec le Cross le plus proche. Si vous avez une VHF, le canal 16 est international.

Malgré tout, il est utile de connaître les autres numéros. L’idéal est d’avoir une petite fiche plastifiée  côté.

 

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Les Cross de métropole

    • Cross Gris Nez: 03 2187 21 87 (gère également le secours à l’international)
    • Cross Corsen: 02 98 89 31 31
    • Cross Jobourg: 02 33 52 16 16
    • Cross Etel: 02 97 55 35 35
    • Cross La Garde: 04 94 61 16 16

Les sémaphores (découvrir les sémaphores) veillent les canaux VHF 10 ou 71 selon les régions maritimes.

Les ports de plaisance veillent le canal VHF 9

Quelques pratiques d’usage quand on part en mer


On ne prend pas la mer comme on part en balade. Certains réflexes sont importants et doivent être respectés.

La première chose à faire est de consulter les prévisions météorologiques marine. S’il est aujourd’hui très simple de les lire avec Internet, les capitaineries les affichent chaque jour à côté des Avurnavs (les avis urgents à la navigation) qui indiquent les modifications notables dans le secteur: bouée déradée, danger isolé, épave…

De même, il est utile de vérifier les horaires de marées pour connaître le coefficient et anticiper sa pêche.

Comme indiqué plus haut, on vérifie son matériel pour s’assurer qu’il ne manque rien.

Un autre point essentiel que trop de pêcheurs-plaisanciers oublient est celui des proches. Lorsque je travaillais au Cross Corsen, nous avons souvent pu retrouver des marins en détresse grâce aux indications qu’ils avaient laissés à leur proche avant de partir.

Voilà donc ce qu’il faut dire:

 

  • Où vous vous rendez? Quels coins de pêche? 
  • Avec qui vous partez? Êtes-vous seul?
  • À quelle heure vous rentrez?
  • Où vous garez votre voiture si vous partez pêcher à pied ou si vous allez en kayak ou paddle (cela permettra à une patrouille de vérifier si vous êtes rentrer ou non)

 » 100% des personnes portant un gilet de sauvetage en cas de détresse ont été sauvées « 

Comment signaler une détresse?

    1. Vous êtes en détresse

    Premièrement, ne pas paniquer! Ok, c’est facile à dire.

    Alors premièrement à nouveau, capelez votre brassière de sauvetage si vous ne l’aviez pas déjà fait et que vous êtes passé à côté des 4 conseils sur le matériel. Ensuite, selon la détresse, il y a diverses manières de réagir en évaluant le danger. Il reste tout de même préférable d’alerter les secours (Téléphone 196 ou VHF 16). 

    Si vous contactez les secours et que vous n’avez que très peu de temps (urgence vitale, batterie faible…), il y a deux informations essentielles à transmettre dans cet ordre:

    • Position
    • Nombre de personnes à bord

    Avec ces seules informations, les secours sauront où vous chercher et combien de personnes secourir. 

      2. Vous apercevez une détresse

      La première chose qu’il faut garder à l’esprit est de ne pas vous mettre en danger. Si, en voulant aider une personne, vous vous retrouvez également en détresse, vous le pourrez plus lui porter assistance.

      Assurez-vous donc que tout le monde porte son brassière de sauvetage à bord de votre bateau.

      Ensuite, il faut alerter les secours. Le Cross vous guidera dans la marche à suivre et saura vous conseiller au mieux en fonction du témoignage que vous lui apporterez.

      L’opérateur de quart vous posera des questions multiples qui pourront vous sembler parfois sans intérêt, mais qui s’avèrent vitales pour la suite des opérations. 

      Vous aurez peut-être à rester sur place pendant une ou deux heures, mais vous aurez participez à sauver des vies. 🙂

        Je vais vous lister quelques cas concret:

        • Panne moteur: Si vous dérivez et que les rochers se rapprochent, il est utile de mouiller l’ancre (on ne jète pas un seau d’eau dessus! C’est du vécu par un collègue avec un marin peu amariné…). Si vous ne dérivez pas, il n’y a pas de danger immédiat. Vous avez le temps d’appeler les secours. 
        • Homme à la mer à deux: on récupère la personne. On ne la frictionne pas (croyance populaire). On lui enlève ses vêtements et on la couvre pour calmer l’éventuelle hypothermie. On contacte ensuite les secours en privilégiant le téléphone qui facilitera la mise en relation avec le médecin maritime (conférence à trois).
        • Homme à la mer seul: si vous ne pouvez pas regagner votre bateau, l’idéal est de vous laisser porter par le courant ou de l’utiliser pour vous diriger. On dénombre trop de morts de personnes s’efforçant de nager contre le courant pour regagner la côte. On se fatigue…et on coule. Tout dépend évidemment de vos aptitudes de nageurs et de votre condition physique. Si la côte est trop loin, l’idéal est de vous mettre sur un rocher qui ne recouvre pas. Chaque cas est bien évidemment différent. 
        • Blessé à bord: éviter le suraccident (bateau qui dérive vers les rochers ou autre) et appeler les secours. 
        • Accident de plongée: C’est le plus délicat et une des opérations de sauvetage les plus complexes. Si les professionnels du secteur sont formés à gérer ça, les particuliers pratiquant la plongée bouteille loisir ne le sont pas forcément (et leurs accompagnants encore moins). La première chose à faire est d’appeler les secours (avec un téléphone portable de préférence) et de faire route le plus rapidement vers le port ou la cale la plus proche. Chaque seconde compte. Ensuite, le Cross vous posera des questions sur l’état de santé, l’âge de la personne, le temps de plongée, les paliers de décompression…Ce sera technique et stressant, mais ils gèrent ça au mieux.  

        Sachez que, la plupart du temps, pendant que vous êtes en contact avec le Cross, les moyens de secours sont déjà en route. Il y a plusieurs personnes qui travaillent dans les centres de secours et votre interlocuteur travaille en binôme avec un autre marin qui déclenchera la SNSM ou un hélicoptère. Tout est mis en oeuvre pour ne pas perdre de temps. 

        Entreprendre une grande traversée

        Lorsqu’on entreprend un long voyage, j’entends par là s’éloigner du cabotage côtier, il est essentiel de bien se préparer. Traverser l’Atlantique nécessite certaines compétences que je ne listerai pas ici. Si vous entreprenez une telle aventure, vous avez certainement le pied marin. 

        Il faut cependant prendre certaines précautions:

        • Le radeau de sauvetage: Le terme Bombard vous dit certainement quelque chose? Il s’agit d’un des gros fabricant de drone de sauvetage. Je ne vais pas vous expliquer ce qu’est un radeau de sauvetage. Si vous ne connaissez pas, il est préférable de garder la côte à vue…
        • L’AIS: système d’identification par satellite, il s’avère utile (voire vital) pour l’anticollision avec les cargos. J’ai travaillé pendant 7 ans à la surveillance du rail d’Ouessant et je peux vous assurer que cette technologie est aussi efficace que nécessaire, car elle permet aux super-tanker et autres porte-conteneurs de vous voir.
        • Téléphone Inmarsat: tout aussi vital, il vous permettra de contacter les secours. Son prix demeure relativement élevé (+ carte prépayée rechargeable), mais si vous naviguer beaucoup, je pense que c’est un investissement qui s’amortira.

        Voilà!

        J’espère que cet article aura pu vous donner quelques éclaircissements ou qu’il vous aura remémorer ce que vous saviez déjà.
        N’hésitez pas à poser des questions ou à nous apporter votre propre expérience pour enrichir ce contenu.
        Merci 🙂

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